Une enquête sur
le suivi périnatal , Le Quotidien du Médecin
du : 10/02/2005.
Ne pas négliger
l'avant-conception et l'après-accouchement
Le suivi périnatal ne doit pas se restreindre à la grossesse et à
la naissance. Les femmes ont besoin de conseils et de prise en
charge avant la conception et surtout après l'accouchement, montre
une enquête réalisée par la Communauté périnatale de
l'agglomération versaillaise. Au généraliste de s'y impliquer.
COMMENT LES FEMMES
enceintes choisissent-elles le médecin qui va les prendre en
charge ? Que changent-elles à leurs habitudes de vie ?
Comment sont-elles suivies pendant la grossesse et après
l'accouchement ? Pour le savoir, la Communauté périnatale de
l'agglomération versaillaise (Cpav), que préside le
Dr Maurice Toledano, a réalisé une enquête dont les
résultats viennent d'être communiqués aux médecins de la
région. L'objectif était de disposer d'indicateurs locaux
permettant de cibler les actions et d'améliorer, si besoin était,
les pratiques professionnelles et la coordination entre les
sages-femmes et les praticiens libéraux et les maternités privées
et publiques.
Un questionnaire a été proposé à 354 femmes - âgées
de 18 à 45 ans - ayant accouché dans les cinq dernières
années dans une des maternités de l'agglomération. Il ne
comprenait pas moins de 125 questions.
Trois quarts des femmes interrogées ont choisi leur médecin selon
des critères personnels. C'est dans la majorité des cas un
gynécologue (45,2 %) ou un obstétricien (46,9 %). Et
3,1 % d'entre elles seulement ne sont pas satisfaites du suivi
de leur grossesse.
Si les chiffres ne sont pas différents de ceux qui sont
habituellement publiés, les auteurs de l'enquête relèvent
quelques carences. Pas sur la première échographie, réalisée
dans 90 % des cas entre 11 et 13 SA (semaines
d'aménorrhée). Ni sur le dépistage des anomalies chromosomiques
(la trisomie 21 a été recherchée dans 83 % des cas).
Mais sur d'autres examens, comme le dépistage de l'hépatite B
(70 %), pourtant obligatoire, ou celui du diabète gestationnel
(60 %), sur lequel, il est vrai, il n'y a pas de consensus
clairement défini.
Près de 60 % des femmes ont participé aux séances de
préparation à l'accouchement et parmi celles-ci, la moitié les
ont trouvé utiles (un peu 22,3 %, beaucoup 29,7 %). Près
de 86 % ont accouché sous péridurale, jugée efficace par
77 % d'entre elles. Le déroulement de l'accouchement est
également jugé satisfaisant par la grande majorité (88 %,
dont 61,9 % très satisfaisant).
Quant aux bébés, ils se portent généralement bien : dans
cette agglomération plutôt favorisée, sont signalés moins de cas
de prématurité (4 % à moins de 37 SA) et d'hypotrophie
(4 % à moins de 2,5 kg) que dans la France entière.
Les femmes se sentent moralement bien après l'accouchement
(68,36 %), disent avoir vécu pleinement la naissance de leur
enfant (79,10 %). C'est ensuite que cela se gâte un peu. Les
jeunes mères se sentent désorientées (un peu 34,7 %,
beaucoup 13,8 %), débordées (40,4 et 18,9 %) et
généralement fatiguées (44,63 et 46,61 %). Et pourtant, la
plupart sont aidées pour le bébé et les tâches ménagères. Un
tiers ressentent de la tristesse et près de 15 % disent avoir
eu une dépression postnatale, avec un traitement pour moins de
4 %. Un tiers se plaignent de n'avoir pas été bien
renseignées sur les besoins de leur bébé. Elles auraient en
particulier souhaité davantage de conseils sur son sommeil et son
alimentation.
Une partie de l'information des femmes désireuses d'avoir des
enfants reste donc à faire, souligne le Dr Toledano. D'autant
que l'enquête montre également que les femmes ne modifient guère
leur hygiène de vie avant la conception : seulement 1,4 %
avaient changé leur alimentation, 7 % avaient arrêté de
boire, 14 % avaient arrêté de fumer et 9 % avaient
réduit leur consommation de cigarettes. Pire encore, la moitié de
celles qui fumaient (23 %) et de celles qui buvaient
(11,6 %) n'ont pas changé leurs mauvaises habitudes pendant la
grossesse.
Le
suivi naturel.
Pour faire passer l'information, et
répondant au souhait de près d'un tiers des femmes interrogées,
la Cpav va développer son site Internet. Il doit aussi permettre un
partage de l'information par tous les médecins de l'agglomération,
généralistes y compris. Le suivi de la grossesse, souligne le
Dr Toledano, est structuré autour de spécialités qui
risquent de manquer bientôt de bras. Quand 90 % des grossesses
sont à bas risque, il faut réhabiliter « le suivi
naturel », qui ne néglige aucune étape et dans lequel le
généraliste peut jouer un grand rôle : en particulier avant
la conception, pour des conseils élémentaires de prévention, et
après l'accouchement, pour aider la nouvelle mère à faire face
aux douleurs du post-partum, aux difficultés de l'allaitement, au
baby blues...
Les lecteurs du « Quotidien » pourront retrouver tous
les résultats de cette enquête sur le site de la Cpav :
www.fmc78.com/we (login quotidien, mot de passe medecin).
RENÉE
CARTON
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